L’escapade de Zangdar (texte du script) Voix off : Voici donc un épisode bonus du Donjon de Naheulbeuk : L'escapade de Zangdar Reivax : Mon bon maître ! Holala.... Maîiiiitre ? Mais qu'est-ce que je vais devenir moi ? Et qu'est-ce qui a bien pu vous passer par la tête, de vous laisser occire par cet horrible monstre ? Vous voilà en pièces détachées... Et tout ce sang, et vos organes répandus dans la nature... Et puis voilà que je parle à un mort maintenant ! Remarquez, j'avais l'habitude avec les zombies du niveau trois... Mais bon, je dois partir vous comprenez ? J'ai encore une vie, moi... Et maintenant que vous n'êtes plus là, je deviens le propriétaire du Donjon, comme c'est écrit dans le petit contrat que je vous ai fait signer l'autre soir, quand vous aviez beaucoup bu... Je sais que ce n'est pas forcément une méthode très sympa, mais après tout, nous sommes des êtres maléfiques ! Et si je peux utiliser cette expression, on pourrait dire en quelque sorte que tous les coups sont permis. Alors puisque c'est moi le maître maintenant, et bien, je vais laisser là votre vielle carcasse, et... Zangdar : Ha ! Te voilà ! Mais qu'est-ce que tu fabriques, petite crapule ! Reivax : (surpris) Mais rien, rien du tout... Je parlais tout seul en regardant le cadavre de cette chèvre... Zangdar : Quelque chose ne va pas dans ta tête ! Et de quoi parlais-tu ? Reivax : Et bien... On peut dire que j'essayais de me préparer psychologiquement à des changements qui pourraient survenir bientôt dans nos vies... Zangdar : Je ne comprends rien à ton charabia ! Et puis au cas où tu ne l'aurais pas vu, les changements sont déjà là ! Ça fait quatre jours qu'on marche en territoire hostile, nos vêtements sont complètement déchirés ! On a déjà rencontré un kraken d'eau douce, un ours mutant électrique et trois meutes de loups noirs ! Reivax : C'est vrai, c'est vrai... Heureusement que vous avez gardé l'usage de vos sortilèges de protection ! Zangdar : Ce n'est pas parce que je suis hors du donjon que je ne suis pas un sorcier ! Ma Sphère d'Invincibilité Parfaite est toujours aussi efficace ! Reivax : (dans son coin) C'est ça... Tant que personne ne décide de jouer de la musique... Zangdar : Comment ? Reivax : Non non, rien... Zangdar : Je trouve que tu parles un peu trop souvent tout seul... Reivax : Et bien... C'est à cause du grand air, je n'ai pas l'habitude... Et d'ailleurs, qu'est-ce que vous étiez parti faire dans les fourrés ? Zangdar : Moi ? Et bien... Hum... C'est une question qui me regarde. Reivax : Ha ! Vous aussi, vous trouvez que c'est embarrassant qu'on en soit réduit à chier dans les bois comme des campeurs ! Zangdar : Quoi ? Mais... Mais ce n'est pas ce que j'ai dit ! Reivax : Nous avons tous des besoins naturels, mon bon maître... Voilà un moment que nous n'avons pas fréquenté des sanitaires dignes de ce nom. Zangdar : C'est une bien triste vérité... Mais ça ne veut pas dire que... Enfin bref ! J'espère bien qu'il existe un village dans ce foutu territoire ! Il n'y a que des ruines, et encore des ruines. Reivax : Du coup, ce n'est pas vraiment étonnant que la zone en question ne figure pas sur les cartes de la Terre de Fangh... Zangdar : Nous allons continuer notre marche en direction du soleil levant ! On finira bien par arriver quelque part... Quelque part où il y aura un restaurant ! Reivax : Ha, oui ! Parce que moi j'en ai marre de bouffer du lézard grillé, des noisettes et des mûres sauvages. Normalement, les aventuriers ont des provisions quand ils partent en aventure... Zangdar : Nous ne sommes pas des aventuriers ! Ça commence à bien faire ! Reivax : Oui, je sais... D'ailleurs, c'est pour ça qu'on a rien à bouffer... Zangdar : Quand on rentrera au Donjon, je commanderai un festin aux cuisines ! Reivax : C'est une bonne idée, mais... Je vous rappelle que les caisses sont vides... Zangdar : Et bien, quoi ? On enverra des orques piller un village, ça pourra leur passer les nerfs ! Il ne faut pas s'arrêter à des détails futiles. Reivax : En espérant qu'ils n'aient pas déserté depuis le temps... Zangdar : Rhaaaaâ ! J'en ai marre de ton pessimisme ! Allez, on y va ! Reivax : J'arrive, j'arrive... Zangdar : Encore une nuit dehors... C'est à devenir fou ! Reivax : Heu. Nous avons eu de la chance de trouver cette caverne. Zangdar : J'espère que c'est notre dernier bivouac ! J'ai horreur de ça ! Reivax : Oui moi aussi ! J'aimerais bien changer de vêtements... J'ai l'impression d'avoir couché avec une hyène. Zangdar : Il faut qu'on trouve un village demain ! Reivax : Oui... En plus, hier c'est le dernier jour de la décade des moissons tardives... Alors aujourd'hui, c'est la fête de la bière d'automne ! Zangdar : Comment peux-tu penser à boire de la bière dans un moment pareil ? Reivax : Ho… J'ai la nostalgie du monde civilisé... Zangdar : On va s'en sortir... Et notre vengeance sera à la hauteur de cet affront ! Reivax : Oui oui, sans doute... Heu... Vous ne mangez pas les ailes de vos chauves-souris ? Zangdar : Non, elles sont trop cuites ! Reivax : Ha, bon... Peut-être que je pourrais les finir alors ? Zangdar : Non ! Elles sont à moi ! Ha ha ha ha ! Reivax : Holala ! Ha, misère... VOIX OFF : Je pense qu'on n'a que ce qu'on mérite hein ! Il faut savoir que Zangdar et Reivax, après avoir passé la nuit dans la grotte, ils ont galéré toute la matinée pour se frayer un chemin à travers les branches et pour échapper aux animaux sauvages. Mais bon, il paraît qu'ils ont finit par trouver une brèche lumineuse dans la végétation... Reivax : Mais... Attendez-moi, maître ! Zangdar : Je vois de la lumière là-bas... Je crois qu'on va sortir de la forêt ! Reivax : Du moment qu'on n'arrive pas dans un marécage... Zangdar : Les territoires pourris ne peuvent pas s'étendre jusqu'à l'infini ! Reivax : C'est vous qui le dites ! Peut-être qu'on est dans un genre de monde parallèle ? Zangdar : N'importe quoi ! Ça n'existe que dans la science-fiction ! Reivax : Ha bon... Si vous le dites... Zangdar : Mais je ne comprends pas comment on a pu faire autant de kilomètres en une seule nuit... Reivax : Vous savez, quand on est à bord d'un dirigeable hors de contrôle, on voyage à la vitesse du vent... Et à cette altitude, ça va très vite ! Zangdar : Ha, nous y voilà. La forêt se termine ici ! Cette prairie me semble être un bon présage... Reivax : (excité) Oui, regardez Maître, sur la gauche ! Une petite maison, avec de la fumée qui sort de la cheminée ! Zangdar : (super joyeux) Ouaiiiiiis ! Reivax : (super joyeux) Yahaaaaaaaa ! Zangdar : Hum... Calmons-nous ! Reivax : (survolté) Mais pourquoi ? C'est peut-être la fin du voyage ! Zangdar : On se comporte comme des aventuriers ! C'est une attitude détestable ! Reivax : (déçu) Ha, bon... Hey, voilà un brave fermier qui s'approche de nous. Zangdar : Il nous regarde un peu bizarrement. Reivax : Oui, mais... Je ne sais pas si vous avez vu nos dégaines... Nous avons effectivement l'air de deux mendiants régurgités par un dragon. Zangdar : Il s'approche... Holà, mon brave ! Paysan : Brrras coudes genoux ! Zangdar : Hein ? Reivax : Heu... Bonjour ! Paysan : Brrras coudes genoux ? Zangdar : Mais que fait donc cet attardé ? Reivax : Brrakudgenou ? Vous croyez qu'il parle notre langue ? Zangdar : Mais je n'en sais rien ! Paysan : (insistant) Bras coudes genoux ! Reivax : On dirait qu'il essaie de frapper ses coudes avec ses genoux... Paysan : (insistant) Bras coudes genoux ! Reivax : Bras coudes genoux ? Mais je ne comprends rien ! Nous voulons juste un peu d'aide ! Paysan : (insistant) Vous faire bras coudes genoux ! Zangdar : Hum... C'est peut-être une formule de politesse locale ? Reivax : Et bien dans ce cas, nous pouvons faire pareil ? Zangdar : C'est hors de question ! Je n'ai jamais été poli avec personne ! Reivax : Mais... Mais c'est une question de vie ou de mort ! Zangdar : Ça m'énerve ! Reivax : Maître ! Voyons c'est... Ce n'est pas grave pour une fois ! Paysan : Pas bras coudes genoux, pas aider ! Zangdar : (grondement) Ho, bon bon... J'ai vraiment trop soif ! Je vais le faire ! Reivax : Bras coudes genoux ! Zangdar : Bras coudes genoux ! Ha, ce n'est pas pratique ! Paysan : Trrrès bien ! Vous humains ! Vous fairrre brrras coudes genoux ! Moi aider ! Zangdar : Bien ! Reivax : Oui, merci mon brave ! Paysan : (s'éloigner) Vous suivrrre moi ! Donner à boirrre, donner manger, trrrouver des habits ! Zangdar : (grondement) C'est pas trop tôt ! Reivax : Nous avons réussi maître ! Vous vous rendez compte ? Si on était des aventuriers, on aurait sans doute gagné un niveau ! Zangdar : Rhaaaaaaaaa ! Reivax : Aieuuuh ! J'ai rien dit ! J'ai rien dit ! VOIX OFF : Coup de bol, Reivax avait quelques pièces d'argent dans sa poche... Et donc le paysan leur a refilé de quoi continuer leur périple jusqu'au donjon. Je vous raconte pas les vêtements par contre... Avec tout ça, ils ont fini par arriver à Valtordu en longeant la lisière de la foret d'Ouien, pour se payer une vraie nuit à l'auberge avec leurs dernières pièces. Ils sont repartis au petit matin, pour finir d'user leurs godasses sur le sentier poussiéreux qui mène au Donjon de Naheulbeuk... Reivax : Maître ! Regardez, c'est chez nous ! Zangdar : Oui, enfin ! Reivax : Quelle entrée triomphale nous allons faire ! Zangdar : He he ! Oui... Mais... Non en fait... Heu... Je n'ai pas la clef de l'entrée principale... Reivax : Comment ? Vous n'avez pas les clefs du donjon ? Zangdar : Je pensais qu'on allait revenir avec le dirigeable ! On aurait pu se poser au niveau six, Alors j'ai laissé les clefs dans mon bureau. Reivax : Mais on pourrait frapper, comme si on était heu... Zangdar : Comme si on était quoi ? Reivax : Non, rien... Zangdar : Nous allons passer par l'entrée de la taverne, c'est plus pratique. Reivax : Oui, oui, c'est une bonne idée ! Hé hé hé ! Zangdar : Ouvrez, mécréants ! Reivax : Je vois que vous avez retrouvé votre tonus, maître ! Zangdar : Alors ! Brodik : Oui ? C'est à quel sujet ? Zangdar : Hein ? Reivax : Mais... Vous êtes qui vous ? Brodik : Brodik Jeanfuret... Collecteur à la Caisse des Donjons. Zangdar : Hein ? On a engagé un type comme vous pour garder la porte ? Brodik : Hum... Comment ça ? Reivax : Ha non... Je m'en souviendrais quand-même... Brodik : Écoutez, messieurs... Je ne comprends rien à ce que vous dites, et j'aimerais bien retourner à mon travail. Zangdar : Mais quel travail ? Brodik : Je suis en train de faire un état des lieux avec mon équipe... Et croyez-moi, c'est un sacré foutoir là-dedans ! Reivax : Ha bon… Employé : Qu’est-ce qu’on fait de la statue ? Brodik : (à l’employé) Non, la statue, par ici sur la gauche ! Reivax : Un état des lieux ? Zangdar : Si ça ne gène personne, j'aimerais bien pouvoir rentrer dans MON DONJON ! Brodik : Votre donjon ? Écoutez, vous devez faire erreur mon vieux... Zangdar : Quoi ? Reivax : Mais non ! Vous avez ici maîiiiitre Zangdar ! Et je suis l'assistant Reivax ! Brodik : Haaaaa... Je vois, vous êtes les ci-devant propriétaires alors… Les anciens propriétaires alors ? Zangdar : Les anciens propriétaires ? Brodik : Vous m'excuserez, mais ce n'est pas forcément évident avec vos dégaines de paysans... Zangdar : Mais… Reivax : On a eu des problèmes... Alors maintenant on aimerait bien rentrer chez nous ! Brodik : J'ai bien peur que ça ne soit pas possible. Zangdar : Mais qu'est-ce que vous racontez ! Brodik : Et oui ! Cet établissement… Ce donjon appartient maintenant à la caisse des donjons ! Zangdar : Comment ? Reivax : Quoi ? Zangdar : Par les dents du Golbargh ! C'est impossible ! Brodik : Ha, écoutez c'est pourtant très clair. Suivant l'article 38 alinéa 12, paragraphe 24 de la convention signée lorsque vous avez démarré votre activité de maître du donjon, toute absence injustifiée du propriétaire d'un donjon dépassant cinq jours est considérée comme une cessation d'activité ou une preuve de décès assimilée. Ceci a pour conséquence immédiate la cession des actifs et des biens relatifs à l'activité sus-nommée au profit de la Caisse des Donjons de la Terre de Fangh qui pourra en disposer en usus, en fructus et en abusus. Zangdar : C'est ridicule ! Je n'étais pas au courant ! Brodik : Mais vous avez pourtant signé. D'ailleurs j'ai ici tous les documents originaux. Zangdar : Mais... Mais j'ai signé cette convention il y a plus de trente ans ! Je ne peux pas me souvenir de toutes les clauses stupides ! Brodik : Écoutez, c'est bien dommage. La période de cinq jour s'est achevée hier, et nous avons consécutivement pris possession des locaux. Zangdar : Quoi ? Brodik : La procédure est officielle désormais, et l'acte notarié a été signé et scellé en trois exemplaires. Zangdar : Rhaaaaa ! Reivax : Holalalala ! Mais qu'est-ce qu'on va faire ? Zangdar : J'ai mes parchemins et mon coffre à l'intérieur ! Et mes grimoires ! Et mon laboratoire ! Brodik : Ces biens font désormais partie du lot puisqu'ils se trouvent dans l'enceinte du donjon. Reivax : Et moi ! J'ai tous mes vêtements... Et ma collection de robinets ! Brodik : Je suis vraiment navré, croyez-le. Je partage votre affliction. Zangdar : Vous allez m'obliger à m'énerver ! Reivax : Heu… Maître ? Zangdar : (s’énerve progressivement) Brodik : On me fait le coup à chaque fois, rien de personnel. D'ailleurs, il y a quelques jours, j'ai collecté une taxe auprès d'un groupe d'aventuriers qui m'a tenu exactement le même discours. Je dois vous rappeler que la Caisse des Donjons dispose d'une milice privée très puissante ! Vous pourriez bien finir écartelés ou… Zangdar : (s’énerve progressivement) AAAAaaaaaarghhhhhhhhh ! (grondement) Brodik : Mais voyons ! Ho ! Du calme ! Reivax : Maîiiitre ! Non ! Ne faites pas quelque chose que vous allez regretter ! Souvenez-vous des statuettes ! Zangdar : Oui... C'est vrai... Reivax : Voilà voilà... Hé hé... Tout va bien... Brodik : A la bonne heure ! Je vais vous laisser, j'ai un boulot dingue ici ! Reivax : Holala.... Brodik : Je vous conseille de ne pas rester là ! Nous avons chassé plusieurs monstres du donjon en arrivant ce matin, et il est possible qu'ils traînent encore dans le secteur... Certains d’ailleurs sont en cessation de paiement. Zangdar : (grondement) Reivax : Oui oui, d'accord.. Brodik : Et bien, passez une bonne journée, n’est-ce pas ? Allez… Où est-ce qu’on en était… Zangdar : Enfoiré ! Reivax : Une bonne journée ? Mais comment pourrait-on passer une bonne journée ? Zangdar : Je ne sais pas... (soupir). On pourrait tuer des oisillons dans leur nid ? Ça nous défoulerait. Reivax : Ce n'est pas vraiment la saison... Les petits ont quitté le nid depuis plusieurs décades... Zangdar : Tu vois ! Même pour ça, on n'a pas de chance ! Reivax : Et puis moi j'ai faim ! Il faudrait qu'on retourne à Valtordu avant la nuit... Zangdar : Rhaaaaaaaaa... Allez on y va ! Je suis trop vieux pour ces conneries ! Zangdar : Hum… Je n’ai plus de laboratoire, plus de bibliothèque… Plus de maison, plus d’or, plus de laquets, plus de bourreau, plus de gobelins ! Plus de vie… Plus d’espoir… Il ne me reste que la vengeance… La vengeance !